Inventeur du vin effervescent de Champagne : mythe ou réalité ?
Si Dom Pérignon est à l’origine de la renommée planétaire du champagne, c’est aussi parce qu’il aurait mis au point la méthode champenoise. Selon la légende, ce moine bénédictin aurait découvert un moyen de contrôler la prise de mousse du vin de champagne, surnommé « œil de perdrix » ou « vin gris », à l’intérieur des bouteilles. À l’époque, ces dernières étaient fermées à l’aide de chevilles de bois garnies d’étoupe imbibée d’huile.
Pour obtenir un résultat plus propre et plus esthétique, Dom Pérignon aurait pensé à couler de la cire d’abeille dans le goulot des flacons. Cette technique permet de rendre les bouteilles complètement hermétiques. Toutefois, au bout de quelques semaines, la majorité des bouteilles auraient explosé à cause de la pression. Ce phénomène est provoqué par une seconde fermentation s’opérant à l’intérieur de la bouteille à cause du sucre contenu dans la cire. L’acide malique se transforme alors en acide lactique, plus carbonique. Pour améliorer la conservation des arômes, le vin est embouteillé dans des flacons en verre à partir des années 1660 et vers 1670 en région champenoise, avec un tirage réalisé avant la fin de la première fermentation. Cependant, certaines conditions climatiques provoquent une prise de mousse au Printemps, faisant sauter les bouchons ou exploser les bouteilles. Considérés comme perdus, les vins pétillants sont surnommés « vin du diable » ou « saute-bouchon ». Cependant, ce goût change plus tard, notamment en Angleterre. Les Anglais importent des tonneaux de vin en vrac depuis la Champagne pour le mettre en bouteille. Ils y ajoutent du sucre de canne pour développer cette prise de mousse et obtenir un vin pétillant.
De son côté, Dom Pérignon améliore grandement la qualité du vin de Champagne. Cependant, il lutte contre cette prise de mousse due à l’utilisation de la bouteille en verre. D’après la légende, ce moine bénédictin découvre l’art ancestral de la vinification des vins effervescents de Limoux lors d’un pèlerinage à l’abbaye bénédictine de Saint-Hilaire, dans le Languedoc. Existant depuis plus d’un siècle, cette méthode repose sur la mise en bouteille du vin avant la fin de la fermentation. Pour répondre à la demande en hausse en vins pétillants de la Cour de France de Louis XIV, Dom Pierre Pérignon expérimente ce procédé sur les vins de Champagne à son retour à Hautvillers. On lui prête également l’innovation du bouchon en liège, parfait pour conserver la fraîcheur et la mousse du vin pétillant. Celui-ci est maintenu à l’aide d’une ficelle de chanvre imprégnée d’huile pour boucher les flacons. Par ailleurs, la légende raconte que Dom Pérignon aurait fait renforcer les bouteilles en utilisant un verre plus épais pour éviter qu’elles n’explosent.
Pendant 47 ans de sa vie, Dom Pérignon, décédé en 1715, se consacre à la réalisation de son ambition de créer le « vin le meilleur du monde ». Cependant, aucun texte ne permet réellement de prouver qu’il est l’unique initiateur de la création de la méthode champenoise. Son implication dans le perfectionnement de la fabrication de vins champenois est cependant avérée. En 1718, un auteur anonyme a même fait l’éloge de Dom Pérignon dans un traité sur la manière de cultiver la vigne et d’élaborer du vin en Champagne en précisant que « Jamais homme n’a été plus habile à faire du vin ; c’est lui qui a mis en grande réputation le vin de cette abbaye ».