Pourquoi le champagne Dom Pérignon est si cher ?

Vers la fin de l’année 1638 ou vers le début de 1639, Pierre Pérignon né dans une famille aisée d’officiers de justice à Sainte-Menehould. Aspirant à devenir moine, il rejoint l’abbaye mère de la congrégation bénédictine de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe à Verdun en 1657. Pierre Pérignon prononce ses vœux de moine l’année suivante. Les dix années passées au sein de cette abbaye lui permettent d’acquérir des connaissances en matière théologique, intellectuelle et philosophique. En 1667, Pierre Pérignon est ordonné prêtre. L’année suivante, il devient cellérier et procureur de l’abbaye bénédictine Saint-Pierre de Hautvillers. Ce monastère a été fondé en l’an 650 par Saint-Nivard, archevêque de Reims. Ravagé et reconstruit à maintes reprises, le monastère est rénové au cours du XVIe siècle grâce à Catherine de Médicis. À son arrivée, Pierre Pérignon poursuit les rénovations de l’abbaye et édifie de nouveaux bâtiments. Il apporte aussi un nouveau souffle dans la gestion du monastère, jouissant pendant longtemps de peu de prestige.

En plus des affaires monastiques, Pierre Pérignon, appelé couramment Dom Pérignon ou Dom Procureur, s’occupe et fait prospérer une autre activité principale de l’abbaye : l’exploitation du vignoble et la production de vins. Sous la direction de Dom Pérignon, le vignoble de l’abbaye Saint-Pierre de Hautvillers ne cesse de s’agrandir, passant de 10 hectares à près de 25 hectares. Dom Pérignon, dont l’ambition est de créer le meilleur vin du monde, brille aussi par ses talents d’œnologue. Il développe notamment diverses techniques viticoles innovantes pour améliorer la qualité des vins de l’abbaye. Les assemblages raisonnés de raisins de cépages variés, provenant de parcelles diversifiées, font partie des innovations lancées par le Dom Pérignon. Ce dernier privilégie aussi le pressurage doux et fractionné des baies pour produire des jus blancs à partir de raisins noirs. Grâce à ces méthodes révolutionnaires, les vins de l’abbaye Saint-Pierre de Hautvillers connaissent un grand succès, notamment auprès de la cour de Versailles.

Si la marque de champagne Dom Pérignon est aussi réputée, c’est entre autres grâce au mythe lié au moine éponyme. En effet, selon la légende, Pierre Pérignon aurait inventé la méthode champenoise. Considéré comme le père spirituel du champagne, Dom Pérignon aurait découvert le processus de transformation d’un vin tranquille en vin effervescent. À l’époque, des chevilles de bois garnies d’étoupe imbibée d’huile étaient utilisées pour boucher les bouteilles de vin. Pour améliorer l’esthétique des flacons et les rendre plus propres, Dom Pérignon aurait coulé de la cire d’abeille dans le goulot, les rendant ainsi complètement hermétiques. Cependant, la pression se formant à l’intérieur des bouteilles provoque leur explosion au bout de quelques semaines.

Cette pression est due à la transformation de l’acide malique en acide lactique, beaucoup plus carbonique, engendrée par une seconde fermentation. Ce phénomène est causé par le sucre contenu dans la cire qui s’écoule dans les bouteilles. D’après la légende, Dom Pérignon aurait aussi initié l’utilisation du bouchon en liège pour fermer les bouteilles pour conserver la fraîcheur et la mousse du vin. Par ailleurs, ce célèbre moine serait aussi à l’origine de l’utilisation de bouteilles conçues avec un verre plus épais. Cependant, aucune preuve ne permet d’attester vraiment que Dom Pérignon a réellement inventé la méthode champenoise.

Pendant 47 ans, Dom Pérignon se consacra à la production de vins et à l’amélioration des techniques d’élaboration pour créer un vin de champagne d’exception. À son décès en 1715, les moines poursuivent les activités de l’abbaye Saint-Pierre de Hautvillers. En 1789, les révoltes se déroulant lors de la Révolution provoquent la destruction d’une grande partie du monastère. L’abbaye cesse alors définitivement toutes ses activités. En 1823, Pierre Gabriel Chandon, gendre de Jean-Rémy Moët, acquiert l’ancienne abbaye Saint-Pierre de Hautvillers. Il se lance dans la reconstruction du domaine et la reconstitution des vignobles. Un peu moins d’un siècle plus tard, la Maison de Champagne Moët & Chandon élabore la première cuvée Dom Pérignon. Ce millésime 1921 n’est commercialisé qu’en 1935 dans la réplique d’un flacon du XVIe siècle. La bouteille est ornée d’une étiquette imposante en forme de bouclier.

Aujourd’hui, la marque Dom Pérignon appartient au groupe de luxe LVMH, à travers la Maison de Champagne Möet & Chandon. Pour élaborer ce champagne d’exception, elle utilise les meilleurs raisins provenant d’environ 600 hectares de vignes classés en Grands Crus et Premiers Crus en Champagne. Par ailleurs, la marque continue de s’inspirer de la vision du moine Dom Pérignon, concevant l’harmonie comme source d’émotions. L’ambition créatrice de ce célèbre moine guide Vincent Chaperon, chef de caves succédant à Richard Geoffroy depuis 2019, dans son intervention. Chaque année, il aspire à réinventer le champagne en travaillant sur l’équilibre parfait entre les contraintes du millésime et la singularité de Dom Pérignon. Vincent Chaperon s’inspire des origines de la Maison et cultive son héritage créatif tout en apportant son expertise et sa sensibilité.

Pour élaborer ses champagnes de prestige, la Maison Dom Pérignon s’appuie sur le Manifesto, réunissant dix principes fondamentaux, reflétant sa philosophie et sa vision. Matérialisant le savoir-faire exceptionnel de la marque, ce texte régit chaque étape de l’élaboration des champagnes Dom Pérignon. Depuis sa création, la Maison de Champagne Dom Pérignon est animée par un engagement absolu aux millésimes. D’ailleurs, le caractère uniquement millésimé constitue le premier principe inscrit dans le Manifesto. Contrairement aux vignerons choisissant d’assembler des vins d’années différentes, Dom Pérignon n’élabore ses champagnes qu’à partir d’un assemblage de vins d’une seule et même année. Chez Dom Pérignon, la production d’une cuvée millésimée répond à chaque fois à une quête sans cesse renouvelée de l’harmonie d’une nature en perpétuelle évolution. Ainsi, seules les meilleures années sont sélectionnées afin de proposer un nectar effervescent toujours parfait aux amateurs de champagne.

Et si le résultat n’est pas parfait, Dom Pérignon préfère ne pas déclarer le millésime.

À la dégustation, les champagnes Dom Pérignon se distinguent par leur style unique. Ces cuvées sont caractérisées par une signature olfactive dominée par le fruit associé à de légères notes de torréfactions et des arômes beurrés distinctifs. En bouche, ces champagnes millésimés surprennent par leur volupté et leur rondeur associées à une élégance remarquable et une finesse exceptionnelle. En raison de leur rareté et les diverses exigences liées à la production, les champagnes millésimés Dom Pérignon sont généralement plus coûteux que des cuvées non millésimées. Toutefois, avec leur qualité irréprochable, ces champagnes d’exception valent vraiment leur prix.

Si les champagnes Dom Pérignon sont commercialisés à des prix élevés, c’est aussi en raison de leur capacité à prendre de la valeur avec le temps. En effet, depuis toujours, les cuvées de la Maison sont réputées pour leur valeur, avec l’âge avec des millésimes qui vieillissent particulièrement bien, à condition qu’ils soient bien conservés. Les champagnes Dom Pérignon se bonifient de manière optimale que la marque commercialise ses propres cuvées maturées en cave sous le label Plénitude. Créé par l’ancien chef de caves de Dom Pérignon, Richard Geoffroy, ce concept évoque une période de sérénité et de légèreté de l’être dans la maturité. Selon lui, l’évolution du champagne ne s’effectue pas de manière linéaire, ni en suivant une courbe régulière, mais par palier.

Il explique que les Plénitudes, « c’est l’histoire dans la vie d’un champagne, c’est la promesse de rendez-vous successifs d’un même vin ». La première plénitude ou P1 est atteinte lors de la sortie de la cuvée Dom Pérignon Vintage sur le marché. Une partie du millésime est ensuite réservée pour la laisser vieillir sur les lies jusqu’à ce qu’elle atteigne la deuxième plénitude ou P2 au bout de 12 à 15 ans. Une autre partie du même vin repose encore pendant des années sur les lies avant d’atteindre la troisième plénitude ou P3 au bout de 25 à 40 ans après le millésime. Le prix du champagne augmente au fur et à mesure qu’un niveau de plénitude est atteint.

Symbole de luxe et d’un certain « art de vivre » à la française, le champagne Dom Pérignon constitue indéniablement un vin de fêtes et de réjouissances. Faisant partie des Maisons de Champagne les plus emblématiques et les plus célèbres au monde, Dom Pérignon est réputé pour son savoir-faire irréprochable et la qualité constante de ces cuvées. Que ce soit pour un mariage, un baptême ou encore un évènement professionnel, les vins de la marque sont très appréciés lors des grandes occasions festives. Et cette renommée planétaire constitue une autre raison au surcoût des champagnes de la marque.