Votre mission est de révéler le potentiel extraordinaire et la qualité encore trop méconnue des divers terroirs ce vaste vignoble qu’est le Languedoc-Roussillon. La création prend une place importante dans les diverses gammes de vins que vous proposez. On comprend que cela s’inscrit dans une volonté de réaffirmer et de redéfinir les vins de la région, où longtemps ils ont été produits en quantité au détriment de la qualité.
Selon vous, vers quoi s’oriente l’identité des vins du Languedoc-Roussillon ?
Jérôme Joseph : L’un des grands enseignements de ces dernières années est qu’une nouvelle génération de vignerons, convaincus du potentiel de leurs terroirs et lassés d’une production centrée sur des vins riches en alcool et sans grand intérêt gustatif, ont démontré que l’on pouvait produire de grands vins en Languedoc-Roussillon, en s’affranchissant de l’influence des vins de Bordeaux, Bourgogne et Côtes du Rhône, et définir ainsi leur propre identité viticole. En fait, c’est une suite logique à la révolution débutée il y a trente ans en Languedoc-Roussillon.
Le style surmûri, extrait, boisé, hérité des années 90-2000, existe encore et fonctionne sur certains marchés mais cette jeune génération excelle dans la production de vins, qui correspondent à la personnalité de la région : un caractère généreux, sans déséquilibre ni lourdeur, et une palette aromatique méditerranéenne. De plus, l’ambition de mieux identifier les meilleurs terroirs du Languedoc-Roussillon et le renouveau des cépages “autochtones”, ou du moins “identitaires”, comme le Carignan, le Piquepoul Noir, le Cinsault, le Macabeu, le Grenache Gris, voire le Ribeyrenc, le Carignan Blanc ou le Terret, s’avère être une excellente chose pour cette grande région viticole.