La vigne des papes
Certains fleuves ont séparé, d’autres plus rarement ont uni mais peu l’ont fait autant que le Rhône. Depuis toujours, la nature semble avoir désigné à l’attention de l’homme ce vaste sillon si propice aux relations : la vigne s’y infiltre à son aise à la suite des marchands grecs et des légionnaires romains. Hasard d’un temps d’arrêt de la conquête romaine, attrait pour la beauté des rives du Rhône ? Toujours est-il que grâce aux fantastiques travaux des légions, la vigne fit son apparition sur les côtes septentrionales. Le succès obtenus par les Allobroges entraînait le développement d’un négoce dont le dynamisme est attesté aujourd’hui par les fouilles archéologiques.
Tous les vignobles français doivent beaucoup au clergé médiéval que l’idéal monacal a favorisé par la suite mais seuls ceux de la Vallée du Rhône peuvent s’enorgueillir de porter directement de porter la marque de la papauté elle-même : Dès le XIVème siècle, les vins des Côtes-du-Rhône (ancien nom de la région viticole) acquièrent leur renommée internationale. Les ordres religieux chartreux et cisterciens jouèrent un grand rôle dans le développement des vignobles septentrionaux, notamment au sud avec l’impulsion de l’installation de la cour pontificale dans le comtat de 1305. Grands consommateurs de vin, les dignitaires ecclésiastiques et leur entourage ne se contentèrent pas d’importer des vins bourguignons. Ils plantèrent de vignes, notamment à Châteauneuf-du-Pape, où les papes possédaient une forteresse et une vaste propriété.
Un vignoble qui ne cessa de grandir même après le retour de la papauté à Rome, tant en surface qu’en réputation jusqu’à la révolution. Le commerce vers l’Angleterre n’étant pas aussi favorable comme la celui de la région de Bordeaux, les conditions commerciales de la Vallée du Rhône connurent de nombreuses entraves : l’augmentation de la production fut longtemps freinée par les taxes qui frappaient le commerce des vins. Heureusement, le XVIIème siècle freina ces impôts et l’apparition des grandes voies de communication comme le Canal du Midi n’a fait qu’encourager le commerce.