Le gin, un alcool à l’histoire tumultueuse
Le gin n’a pas toujours été ce spiritueux tendance et apprécié pour sa grande variété d’arômes et de saveurs. En effet, de son apparition en Angleterre jusqu’à ces dernières années, cette eau-de-vie a connu des hauts et des bas, tant dans sa qualité que sa popularité.
Du succès du « genever » à la gin craze britannique
Connaissant un grand succès, le « genever » est exporté à travers l’Europe, notamment en Angleterre. Jusqu’en 1688, le commerce de cette eau-de-vie bat son plein. Comprenant l’intérêt des spiritueux pour l’économie, le roi Guillaume III d’Orange-Nassau décide d’interdire l’importation d’eaux-de-vie étrangères. En revanche, il autorise chaque citoyen à distiller son propre alcool pour favoriser l’économie nationale. C’est au cours de cette époque que les distillateurs anglais se lancent dans la production d’un alcool similaire au « genever » qu’ils baptisent « gin ». Bénéficiant de taxes allégées, le gin devient un spiritueux abordable et très populaire, voire trop, surtout auprès de la classe ouvrière anglaise. En 1730, la ville de Londres compte environ 7 000 commerces de gin, sans compter les comptoirs clandestins. Chaque année, ces derniers écoulent pas moins de 37 millions de litres de gin. La « folie du gin » ou le « gin craze » s’empare ainsi du pays tout entier. Cet alcool fort, titrant souvent plus de 40° d’alcool et très mauvaise qualité, aide alors la classe ouvrière à faire face à un quotidien pas toujours facile dans un Royaume-Uni en pleine explosion industrielle. Surnommée « The Mother’s Ruin » ou « la briseuse de famille », cette eau-de-vie est tenue responsable de l’alcoolisme, de la criminalité ou encore de la prostitution sévissant dans le pays.