PIC SAINT-LOUP AOC

Appellation la plus septentrionale du Languedoc, l’AOC Pic Saint Loup se situe dans le Nord-Est du département de l’Hérault. Couvrant plus de 5 000 hectares en moyenne avec environ 1 300 hectares plantés, son aire de production est bordée par les contreforts des Cévennes au Nord et par la commune de Montpellier au Sud, à une trentaine de kilomètres de la Méditerranée. Cette appellation, dominée par le piton rocheux du Pic Saint-Loup, lui doit son nom. Dans cette région, la vigne ne date pas d’hier. En effet, elle est présente sous sa forme sauvage nommée « lambrusques » depuis la préhistoire. Les spécimens découverts sur les pentes préservées de ce massif montagneux en témoignent.

Morcelé entre les différentes communes de l’AOC, le vignoble du Pic Saint Loup est majoritairement constitué de marne calcaire et d’éboulis très profonds. Ces derniers facilitent grandement le drainage, mais aussi la conservation de l’eau, permettant de combler les besoins des vignes, même en période de sécheresse. Des sols composés de galets roulés sont aussi présents dans la partie Sud de l’appellation. En ce qui concerne le climat, il est à la fois méditerranéen et continental, avec des pluies abondantes (1 000 mm par an) engendrées par la localisation de l’appellation. Si l’automne et l’hiver sont frais et pluvieux, l’été est en revanche chaud et sec. Les vignes poussent aussi dans une atmosphère asséchée par le mistral marin, les préservant des maladies.

La montagne Pic Saint-Loup tire son nom d’une légende censée se passer au Moyen-Âge. Celle-ci raconte que trois frères nommés Guiral, Alban et Thieri Loup étaient amoureux de la belle Bertrade. Partis aux croisades, aucun d’eux ne savait lequel elle choisirait à leur retour comme époux. Face au décès de leur bien-aimée, survenu avant leur retour de Terre Sainte, ils décidèrent de vivre en ermites au sommet des trois pitons voisins.

Thieri s’installa sur le plus élevé, ses frères sur les deux autres. Tous les 19 mars, un feu est allumé sur chaque piton en hommage à Bertrade. En la mémoire de Thieri, qui fut le dernier à disparaître, le massif le plus culminant fut baptisé « Pic Saint-Loup ».

Né au début du XXe siècle, le Pic Saint Loup est au début utilisé comme simple nom de produit. En 1931, le syndicat vinicole du Pic Saint-Loup voit le jour avant sa reconnaissance en tant que Vin de Qualité Supérieure (VDQS : ancienne dénomination) en 1955. Quelques années plus tard, il est associé à d’autres VDQS pour former la dénomination Coteaux du Languedoc. Les producteurs de vins de la région se réunissent alors autour d’un but commun : créer une grande appellation « Pic Saint Loup ».

En 1994, une première étape est franchie lors de la reconnaissance de Pic Saint Loup comme une dénomination géographique Coteaux du Languedoc. Grâce à des années de réflexion et de mise en communion des expertises, les vins portant cette dénomination ne cessent de monter en gamme, s’imposant ainsi dans la région. Les vignerons et vigneronnes de Pic Saint-Loup voient ainsi leurs efforts couronnés de succès en 2017, année de reconnaissance de leur propre AOC Pic-Saint-Loup.

Portant haut les couleurs de l’Hérault, les vins de l’appellation Pic Saint Loup n’ont cessé de s’améliorer en matière de qualité au fil des années. Les cuvées produites sur cette AOC doivent notamment leur particularité à leur encépagement. Contrairement à la majeure partie de la France méridionale, la Syrah règne en maître, laissant le Grenache à la seconde place. À partir des années 80, la Syrah doit être présente à hauteur d’au moins 50 % pour les vins rouges. Ce cépage doit être assemblé avec au moins l’une des deux variétés majoritaires, le Mourvèdre ou le Grenache, pour bénéficier de l’AOC Pic Saint Loup. D’autres cépages accessoires peuvent être utilisés le Carignan Noir, le Cinsault Noir, la Counoise Noire et le Morrastel Noir. Beaucoup plus restrictif que celui des AOC Coteaux du Languedoc, le cahier des charges de cette appellation la hisse au rang de cru en 1994. Caractérisés par leur robe sombre et dense teintée de reflets violets, les vins rouges Pic Saint Loup sont réputés pour leur profil dense et intense.

La palette aromatique est marquée par des notes intenses de fruits noirs, de réglisse et de violette, associées à des fragrances épicées. En fonction de l’élevage, des notes cacaotées et vanillées peuvent apparaître au nez. La fraîcheur en bouche, apportée par la Syrah, associée à la rondeur de la Grenache et le côté épicé du Mourvèdre, constitue une autre caractéristique des vins rouges de l’AOC Pic Saint Loup. Par ailleurs, les cuvées issues de cette appellation constituent d’excellents vins de garde. Pluviométrie importante, températures plus basses qu’ailleurs dans la région du Languedoc ou encore grandes amplitudes thermiques en été, le Pic Saint Loup profite de conditions climatiques favorables à la garde. De plus, le terroir constitué de sols argilo-calcaires, propices à l’acidité et à la tension des vins, contribue à leur potentiel de garde remarquable. Enfin, les vins Pic Saint Loup sont élaborés à partir de cépages taillés pour la garde : la Syrah, cépage fin, gourmand et complexe, le Mourvèdre, racé et tardif, et le Grenache, offrant des vins de longue garde sur les meilleurs terroirs.

Produisant majoritairement des vins rouges, l’AOC Pic Saint Loup propose également d’excellents vins rosés. Ces derniers doivent contenir au moins 30 % de Syrah, complétée par le Grenache et/ou le Mourvèdre. Les mêmes cépages annexes utilisés pour les vins rouges peuvent compléter l’assemblage.

Les vins rosés Pic Saint Loup séduisent par leur fraîcheur, leur tonicité et leur côté friand. Particulièrement savoureux et parfumés, ils sont à boire jeunes de préférence, accompagnés de charcuterie ou repas improvisés : ce sont des alliés sûrs pour rafraîchir les apéritifs en terrasses sous le parasol.