Vitis Vienna

UN ANTIQUE VIGNOBLE PRESTIGIEUX TIRÉ DE L'OUBLI

L’invasion romaine, au IIe siècle avant J.C, a marqué les débuts du commerce de vin et de la viticulture en Gaule, contribuant à l’histoire mondiale du vin. À cette époque, la culture de la vigne s’étend autour de Nîmes, de Marseille, dans la vallée de l’Hérault ainsi que dans la région d’Agde. La formation de colonies romaines, notamment à Narbonne, est à l’origine de la création d’un grand vignoble dans la Gaule Narbonnaise. Durant cette période, les vignobles sont assimilés à l’enrichissement. Par ailleurs, le vin de l’Antiquité est utilisé comme monnaie d’échange contre des esclaves ou des denrées.

Avant le Ier siècle avant J.C, la Narbonnaise était la seule à produire du vin en Gaule. À noter que cette province romaine correspond aux régions du Languedoc, du Toulousain, de la vallée du Rhône, de la Provence et du Dauphiné. Les Gaulois n’avaient accès qu’aux vins qui étaient produits ainsi qu’à ceux provenant d’autres contrées comme la Grèce, l’Italie ainsi que les pays de la mer Égée. C’est au cours du Ier siècle avant J.C que la culture de la vigne se propage vers le Nord grâce à l’hégémonie de Rome. À cette époque, le transport et l’exportation du vin vers l’intérieur de la Gaule s’effectuent par voie fluviale dans des amphores, via la voie de Toulouse (Bassin aquitain, Tarn-et-Garonne) et la voie rhodanienne (le Rhône). Vers la fin de la République romaine et dans le courant du Haut-Empire, sous le règne d’Auguste, de nouvelles conditions de commerce sont mises en place. Tel est par exemple le cas des nouveaux conteneurs utilisés pour transporter le vin comme les tonneaux en bois.

Les origines du vignoble de Vitis Vienna remontent à ceux qui se sont développés au cours de l’empire romain. À cette époque, Vienne était la capitale des Allobroges. Ces derniers avaient mis au point une nouvelle variété de raisins, la Vitis allobrogica, capable de résister aux hivers rigoureux. Les vins issus de ce vignoble, dont la renommée allait au-delà des frontières, notamment à Rome, étaient réputés pour leur qualité. De nombreux auteurs antiques en vantaient les mérites comme Martial, Celse, Pline l’ancien ou encore Plutarque. Survivant à la chute de l’empire romain, le vignoble continue de prospérer au cours du Moyen-Âge grâce aux communautés religieuses établies à Vienne.

Les causes du déclin

Divers facteurs ont engendré le déclin de la viticulture gallo-romaine comme l’accaparement des terres par les plus riches, la désorganisation du système commercial ou encore la baisse de la population, mais aussi celle de la consommation des villes. Les vignobles sont alors transformés en pâturages et en terres de labours. Quant au vignoble de Vienne, celui-ci est progressivement délaissé au cours du XXe siècle au profit de vins d’autres régions, relativement plus faciles à produire. Les coteaux sont en effet trop pentus et durs à travailler. Par ailleurs, le phylloxera dévaste alors le vignoble. Les viticulteurs s’orientent ainsi vers des secteurs d’activité beaucoup plus rentables.

LE PHOENIX RENAÎT DE SES CENDRES POUR DORER LE PRESTIGE DES CÔTES DU RHÔNE

Vers la fin des années 90, sous l’impulsion de François Villard, Yves Cuilleron et Pierre Gaillard, des vignerons passionnés, le vignoble s’étendant sur les communes de Seyssuel, Chasse-sur-Rhône et Vienne renaît. Conscients de son potentiel exceptionnel, ils décident de passer des vignobles de la rive droite aux coteaux de la rive gauche pour lancer le renouveau d’un terroir endormi aux portes des Côtes-du-rhône. Ces vignerons se regroupent au sein d’une association baptisée « Vitis Vienna », en hommage aux pionniers de ce vignoble. Ils y plantent les cépages originaires de la région, à savoir la Syrah et le Viognier. Situé dans la partie la plus septentrionale des appellations du Rhône, ce terroir est constitué d’un sol de schistes clairs unique et profite d’une bonne exposition au couchant. De plus, à cet endroit, la vallée du Rhône est relativement étroite, garantissant une aération optimale des vignes. Toutes les caractéristiques de ce terroir confèrent au vin un fort caractère et une fraîcheur incomparable.

Le vignoble de Seyssuel

Situé à quelques kilomètres au Nord de Vienne, le vignoble de Seyssuel s’étend le long de la rive gauche du Rhône. Les trois vignerons, à l’origine de la renaissance du vignoble de Vitis Vienna, retrouvent les traces de ce vignoble tombé dans l’oubli dans d’anciens écrits. Ces producteurs en Saint Joseph et en Côte Rôtie ont planté environ 11 hectares de vigne, en Syrah et en Viognier, et créé Les Vins de Vienne. Commercialisés autrefois sous la dénomination « Vin de pays », les vins issus du vignoble de Seyssuel bénéficient de l’IGP Collines Rhodaniennes depuis 2012. Cependant, les vignerons de Seyssuel demandent à intégrer l’appellation Côtes du Rhône. Ils souhaitent ainsi valider le classement de leurs vins par un classement en Côtes du Rhône Seyssuel.

Le vignoble de Vienne

Le territoire de Vienne Condrieu inclut les appellations viticoles de Côte Rôtie, en rouge, et de Condrieu, en blanc, s’étendant sur la rive droite du Rhône. Le vignoble de Vitis Vienna se trouve en face de ces coteaux prestigieux, sur la rive gauche. Les vignes poussent sur des coteaux escarpés marquant le paysage de cette partie de la Vallée du Rhône.

Le vignoble de Chasse sur Rhône

Le vignoble de Chasse sur Rhône figure parmi les zones d’exploitation de l’association Vitis Vienna. En 2003, Michel Chapoutier et Paul Lucidi, vignerons membres de cette dernière, ont l’idée de replanter la vigne sur ces terres. Les derniers contreforts de ces collines de la vallée du Rhône sont constitués d’un sol de micaschistes et de cristaux de quartz, ressemblant à celui de la rive droite. Ces vignerons replantent des ceps de Syrah américains et de Viognier sur quelques hectares. Le vignoble est cultivé suivant les principes de la culture raisonnée avec un apport réduit en traitement chimique.

Crédits : M. CHAPOUTIER

LES DOMAINES QUI PARTICIPENT AU RENOUVEAU DU VIGNOBLE

Si le vignoble de Vitis Vienna a pu renaître de ses cendres, c’est grâce au travail acharné et à la passion des vignerons qui se sont rendu compte du potentiel de ce terroir. En plus de François Villard, d’Yves Cuilleron et de Pierre Gaillard, d’autres producteurs rejoignent rapidement cette association pour participer à la renaissance de ce vignoble. Depuis, pas moins de 18 domaines produisent du vin sur le vignoble de Vitis Vienna, notamment :

Yves Cuilleron, ayant participé au renouveau du vignoble de Seyssuel.
Pierre Gaillard, produisant les Vins de Vienne, mais aussi sa propre cuvée sur les coteaux de Seyssuel.
François Villard, ayant aussi contribué à redonner vie au vignoble de Seyssuel et produisant son propre vin sur ces coteaux.
Stéphane Ogier, installé sur les terres abruptes de Seyssuel.
Michel Chapoutier et Paul Lucidi, au cœur du terroir des collines rhodaniennes, à Chasse-sur-Rhône.
Hervé Avallet, installé sur les coteaux de Seyssuel.
Christophe Billon, exploitant une parcelle de Syrah sur la commune de Vienne.
Christophe Pichon, ayant décidé de traverser le Rhône et de rejoindre Vitis Vienna en 2015 pour produire sur le vignoble de Seyssuel.
Maison A. Paret, dirigée par Alain, son fils Anthony et Laurent Dumont, et participant à la renaissance du vignoble de Seyssuel.
Eymin – Tichoux, ayant planté les premières vignes sur le vignoble de Seyssuel en 2015.
Julien Pilon, producteur de vins rouges et de vins blancs sur la zone de Seyssuel.
Les Sérines d’Or, domaine développé par Jérôme Ogier et Damien Robelet sur la commune de Seyssuel.
Les Vignobles de Seyssuel, réunissant quatre talentueux vignerons : Louis Chèze, Georges Treynard, Laurent et Pascal Marthouret.
Pierre-Jean Villa, rejoignant le trio des Vins de Vienne en 2003 et créant ensuite son propre domaine sur le vignoble de Seyssuel.
Domaine Garon, établi au cœur du vignoble de Côte Rôtie avant de produire des vins à Seyssuel.